lundi 28 juillet 2008

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Les passions nous possèdent, concept Grec. Je suis possédé par Eros, par Némésis ou tout autre émotion suffisament forte pour éradiquer toute volonté. Comme une puissance à laquelle nous nous soumettons, in-volontairement, c'est à dire sans volonté. Et nous sommes tous ses jouets. Responsables mais pas coupables.

S'il reste, il regrettera de n'avoir pas vécu ce qu'il aurait pu vivre. S'il s'en va, il regrettera ce qu'il a patiemment construit pour le laisser au final à l'abandon. Il la fait souffrir, quelque soit son choix, le crime est commis, son chatiment sera une culpabilité sans fin, envers ce qu'il laissera derrière lui.

Serais je en mesure de resister à ces forces si elles se manifestaient à travers moi? Serais je assez fort pour m'amputer d'une partie de moi même, pour me sacrifier à ce en quoi je crois? Et surtout serais je assez fort pour en assumer le regret?

Dieu, donnez moi la force d'aboutir, donnez moi la force de me vaincre et de me réconcilier avec mon ennemi le plus et pourtant le plus distant, moi même. Donnez moi la force d'être en accord avec la sagesse, source des plus grandes réjouissances mais aussi des plus grands maux.

Comment lui en vouloir, puisqu'il n'a pas choisi. Vaine illusion que cette liberté. Sa décision était prise avant même que le choix ne se présente à sa conscience. Reste à en accepter les conséquences. Reste à supporter la souffrance faite à l'être qui autrefois fut aimé. Rester à affronter les regards de réprobation de ceux là même qui auraient couru dans la même direction s'ils s'étaient retrouvés dans la même situation.

Tout cela me semble irréel, comme un apparition, un fantome qui pourtant prendra corps petit à petit, sa masse mise en mouvement par la physique. Cela me fait comme un vide aux tripes, comme un monde qui s'écroule et qu'il faudra reconstruire, les anciennes images périmées, tout juste bonnes à jeter au feu et les nouvelles à accepter.

La vie se joue de nous. Elle fait le bonheur et le malheur d'un même tour de main, comme pour donner un équilibre entre les deux, une moyenne nulle. Si mon bonheur fait le malheur autour de moi et si mon malheur fait le bonheur autour de moi, lequel choisir? Mon premier sera corrompu par la culpabilité, le second sera réhaussé par la satisfaction du don de soi. Rien de blanc, rien de noir, tout de gris en différentes nuances, différentes formes. Au final mon bonheur sera aussi la source de mon malheur et vice versa dans le deuxième cas. Alors quoi? De quel choix la conscience sera satisfaite? Si je sais que ma vie à fondamentalement une limite, serais je prêt à tout sacrifier de moi ou bien plutot choisirais je de sacrifier ce qui est autour de moi?

Dans tous les cas, sa souffrance à elle est inévitable, elle est déjà là, tapie, prête à surgir au moindre mouvement de la réalité. Et moi, qu'y puis je faire? Cette impuissance sera la première de mes culpabilité. Impuissant à rendre un bonheur fragile dont l'équilibre s'est volatilisé définitivement. L'innocence est comme la virginité: une fois perdue, on ne peut la retrouver. L'homme est condamné à errer dans ses ténèbres, bien loin du jardin d'Eden. Et pour toujours.

La vie se joue de nous et notre arrogance nous pousse pourtant à croire que nous jouons avec elle. Comme repliée sur elle-même, c'est elle qui joue avec elle-même.