vendredi 1 avril 2011

Une tentative de portrait

Penché en avant,
Il regarde à ses pieds
- Un insecte, une brindille
S'excusant, un petit point
S'enroule autour de ses bras.
Il n'aime pas. Quoi?
On ne sait pas vraiment,
Il n'aime pas les choses,
Il n'aime pas les gens,
Et c'est mieux comme ça.
- Dit-il.
Osons cette question:
S'aime-t-il lui-même?
Probablement pas.
- Répondons-nous.

Avec sa dégaine de clochard,
Il déambule le nez en l'air,
D'une démarche non chalante.
Et ça ne l'empêche pas
De marcher dans la merde.
- Ce sont des choses qui arrivent.
Ses cheveux longs et gras
Lui tombent sur les épaules,
Derrière ses lunettes noires
Se cachent deux yeux bleus
- Glacés.
Il observe, se perd dans ses pensées,
Le temps défile - De l'aube à la nuit, cycle des ombres - sans qu'il bouge.

Les pieds dans le caniveau
Et la tête dans les nuages,
Entre les deux, son corps se déchire.
- C'est ainsi qu'il s'exprime.
Le sens des réalités?
- Qu'est ce que ça peut foutre? Dit-il.
- Ca le perdra, pensons-nous.
Ses amis - pour le peu qu'il a - disent que c'est un type bien
Mais on ne peut compter sur lui.
C'est un rêveur.
- Disent-ils.
Il passe le plus clair de son temps
A se poser des questions qui,
Selon nous,
N'ont aucun sens:
Et si le monde tournait à l'envers?
Et si les arbres parlaient?
Et si nous étions le cauchemar de Dieu?

Il ne croit en rien et pourtant
Il faut bien que de quelque part
Ait jaillie sa flamme.
C'est un rêveur,
- vous dit-on,
Et le monde l'ignore
Et c'est mieux comme ça.