samedi 29 juillet 2006

Ma tour d'ivoire

De ma tour d'ivoire,
Je constate
Avec amertume
Les jours qui s'écoulent
Froids comme la glace,
Sinistres comme une église,
Le progré dévaliser
Le temple humain,
La chair et la passion
Devenues armes.

Le soleil,
Troublé par une pluie
De larmes
Préfère tendre son regard
Vers les horizons
D'éternité,
Aube d'une histoire
Inassouvie.
La lune
Dans son éclat mitoyen
Laisse planer
Les ombres tortueuses
Sur les chemins
Barrés de ronces.

Aveuglés
Par le néon mercantile,
Rendus sourds
Par les cris d'infamie
Vous marchez
Dans votre désir illusoire,
Pas encore nés
Mais si proches de la mort,
Spectres, zombies hallucinés
Rodant avec angoisse
Autour du palais d'Isis.

Et moi,
Du haut de ma tour d'ivoire,
Je vous regarde
Les yeux pétillants
De milles étoiles
En formation
Et l'espoir banni
Du coeur.

La nuit et moi

J'aime rentrer
Sous le soleil naissant
Alors que la nuit
Fut si courte
Dans l'étrange silence
De la cité endormie.

J'aime être seul
Avec ma Mère
Nature estivale
Et son air nocturne sucré
Prenant la place
Des acides industriels.

J'aime voir au matin
Les gens affairés
Sentant l'eau de cologne
Bon marché
Alors que moi,
Encore puant de sueur,
Je m'en vais me coucher
Le sourire aux lèvres
Et le visage réchauffé
Par les premiers rayons
De la journée.

J'aime vivre la nuit
Loin du tumulte futile
De la fourmilière humaine,
Vivre comme si rien n'existait
Vivre comme si tout avait été rayé
Par le champignon magique,
vivre comme si
Tout restait a construire,
Vivre comme si
J'étais le roi
Des âmes envolées.

???

Les lumières froides
De la ville
Dans le silence
Autoroutier.
J'ai les lignes
Fragiles
De ruptures
En apnée.

Il y a une voix
Dans ma tête
Qui veut déclarer
Sa guerre,
Une autre,
Sa paix.

La nuit est calme,
Chaude,
Les ombres flottent,
Dansent follement
Au rythme de mes pas.

Qu'est ce que demain
Peut me reserver?
Quelle route à explorer?
Quelle arme à faire jouer?

vendredi 7 juillet 2006

Omni

Je suis le roi, la reine,
Le prince et le peuple,
Le bouffon sarcastique
De la comédie sentimentale
Je suis tout,
Je suis rien.

O machine! Désire moi!
Sois ma chair,
Mon organe rédempteur!

Je voie la vieillesse
Noyée dans le sperme venimeux
des kids en démence,
Je voie de leur trou du cul
Sortir les rayons miraculeux
D'un soleil devenu bleu,
Eclats d'iris dans la nuit infinie.

O machine! Que je te désire!
Sois mon âme,
Mon fantasme asmathique!

Je suis l'agent toxique
S'infiltrant par les pores
Qui vous démembrera,
Je suis la voix castratrice
De votre mauvaise conscience,
L'idée qui suinte comme le pus,
Celle que vous ne pouvez accepter.

lundi 3 juillet 2006

Oedipe et la trinité - Vers une généralisation du complexe d'Oedipe

Œdipe est généralement représenté par une triangulation dont les trois sommets sont Père, Mère et Fils. La doctrine ésotérique a quant à elle pour symbolique le triangle Corps, Ame, Esprit. Nous allons voir que nous pouvons rapprocher ces deux représentations.

I) Rappel historique

1) L’oedipe

Quantité d’ouvrages expliquent le complexe d’Œdipe, aussi nous allons le survoler ici. Découvert par Freud au début du XXème siècle, il fonctionne comme ceci :
Le fils désire la mère, étant pour lui la référence féminine qu’il a eu pendant sa petite enfance. Pour rappel, l’éthologie a montré que nombre d’espèce animale faisaient, dans une période relativement courte après la naissance, une fixation sexuelle sur la mère pour « savoir » sur quoi porter son désir sexuel à la maturité. Des expériences sur les oiseaux ont montré que si l’on séparait de sa mère le jeune oisillon dès la naissance et qu’on le plaçait avec une autre espèce, il chercherait plus tard à s’accoupler avec une femelle de l’autre espèce ( Konrad Lorentz – Les fondements de l’éthologie). Il s’agit donc avant tout d’un processus tout a fait naturel.
Ainsi le fils tend à prendre la place du père. Celui-ci exerce alors son pouvoir pour l’en dissuader, créant un refoulement de ce désir. Ce refoulement même produit une certaine forme de haine à l’encontre du père en même temps qu’une peur, appelée l’angoisse de castration.

Cependant, Deleuze et Guattari (L’anti oedipe), sur les pas de Reich montrent clairement qu’il ne s’agit que d’une représentation. Le désir ne se porte pas sur la mère en tant que personne mais sur ce qu’elle représente : l’origine aussi bien que la fécondité. Leur analyse sur le lignage montre que l’inceste n’est pas réellement désiré en tant que tel. Je n’entrerai pas ici dans les détails et vous renvoie à leur ouvrage pour plus d’explications. Nous verrons que le schéma de l’Œdipe est transposable à toute sorte de désir, la sexualité n’étant qu’une composante parmi d’autres.

2) La trinité ésotérique

Précisons de suite le sens du terme ésotérique : Il signifie de l’intérieur. Le doctrine est dite ésotérique car elle n’était révélée qu’à des initiés, donc à un groupe restreint, le groupe « à l’intérieur » de ce secret.
Comme nous l’avons dit en introduction, ses trois composantes sont : Corps, Âme et Esprit.
On en retrouve les premières traces écrites dans la religion Zoroastrienne. Elle a ensuite était transmise à la religion Védique, base de l’Hindouisme, puis à l’Egypte. C’est dans ce pays qu’elle fut sublimée. Transmise oralement par les prêtre gouvernant le pays (les pharaons leurs étaient soumis). C’est en ce lieu que Moïse, d’origine Egyptienne selon les écrits de ces prêtres, et Pythagore pour ne citer qu’eux furent initiés à cette doctrine. Pythagore la sublimera alors que les descendants de Moïse en oublieront le sens. Cela s’explique aisément : l’écriture utilisée pour l’établir est elle aussi à triple signification : Sens propre, figuré et transcendant. Malheureusement, lors des multiples traductions de l’ancien testament n’en ont pas pris compte, ce qui a eu pour effet de ne nous transmettre que le sens propre, d’où l’aspect de fable que prend entre autre la genèse.

Voilà pour un court historique de ces doctrines, voyons maintenant sur quels points elles se rejoignent.

II) La trinité comme représentation généralisée

Le Corps a des besoins, l’Âme des désirs et l’Esprit une volonté. La doctrine ésotérique nous enseigne que nous sommes gouvernés par l’un des trois. Celui qui est dominé par son corps fonctionne de manière irrépressible, celui qui est gouverné par son âme erre dans les aléas de ses passions et celui dont l’esprit domine les deux autres avance dans le sens qu’il s’est fixé.

Les conséquences de cette domination de l’un sur les deux autres sont magistralement montrées par Dante dans sa Divine Comédie : L’enfer est réservé aux premiers. Ils sont condamnés, non pas dans l’au-delà mais ici est maintenant, à subir les malheurs infiniment renouvelés par l’abdication de leur volonté sur leur besoin. Dans ce sens, les sept péchés capitaux ne sont pas mauvais en eux même s’ils sont dominés. L’exemple le plus extrême pourrait être un héroinomane.
Les seconds, dominés par leurs passions ont leur place au purgatoire, errant de manière aléatoire entre le malheur de l’enfer et le bonheur du paradis.
Les derniers, enfin, se retrouvent au paradis. Non pas le paradis tel qu’il est envisagé par les masses, mais comme le décrit de manière inouïe Dante : Une sorte d’état de contemplation, que Schopenhauer donne également comme bonheur absolu.
Bien entendu, ce ne sont que des allégories, des métaphores du sort de l’âme non pas après la mort mais bel et bien ici et maintenant.

Nous retrouvons la même symbolique dans l’Œdipe : le fils est celui qui a des besoins, la mère a des passions et enfin le père l’esprit rationnel qui contrôle, celui qui a la volonté.
Le père représente également ici la conscience. Celui que le besoin ou la passion entraîne dans de mauvaises actions aura mauvaise conscience, même s’il la fuit ou tente de l’oublier. C’est par ailleurs cette fuite qui bien souvent le fera entrer dans le cercle vicieux : il a mauvaise conscience d’un acte qu’il a fait, aussi il va oublier, compenser cette souffrance par le plaisir même qui l’a engendrer, fuyant toujours un peu plus cette conscience jusqu’à la perdre complètement.

Nous pouvons maintenant dresser ce tableau :

Corps-Âme-Esprit
Fils-Mère-Père
Besoin-Désir-Volonté

Pour ce qui suit, nous considérerons ces neufs terme sur le plan symbolique et non littéral.
Celui qui est dominé par le corps, qui vit donc selon ses besoins, le fils, attend de la mère qu’elle comble ses besoins. Nous pouvons dire qu’il « cherche » une mère, comme il cherchait le sein de sa mère pour apaiser sa faim.
Celui qui est gouverné par son âme, qui vit donc selon ses désirs, la mère, attend que le père le raisonne. Il en a peur (angoisse de castration), car ici le père est l’esprit, autrement dit la conscience. Il sait que si ses actes ne sont pas justes, le père, la conscience, le réprimera. Il n’y a nul besoin d’éducation pour savoir fondamentalement ce qui est bien ou mal : Est mal ce que je ne voudrai pas que l’on me fasse, est bien ou indifférent le reste. Cette analyse de la conscience est également valable pour le premier groupe.
Nous voyons qu’à ce stade, nous avons parcouru la première étape d’une psychanalyse freudienne : la prise de conscience du désir. Qui, auparavant était étouffé par les besoins, plus pressants que le désir. Lorsque nous avons grande faim, nous cherchons avant tout a mangé, pas à être aimé ou glorifié ou quoi que ce soit d’autre. La deuxième étape vient après : La victoire sur l’angoisse de castration par la prise de la place du père.
En réalité la prise de la place du père signifie le contrôle des besoins et passions par la conscience, la volonté. Celle-ci, comme expliqué plus haut, sait naturellement ce qui est bien et ne l’est pas. Si donc le sujet agit conformément à l’esprit, il ne peut agir de manière mauvaise et donc il ne peut avoir mauvaise conscience. Il s’ensuit alors le bonheur contemplatif de Schopenhauer.
Ce parcours, que l’on peut comparer à une analyse freudienne peut également être mis en parallèle avec l’initiation des sages antiques : un certain nombre d’épreuves mettaient en jeu la volonté du prétendant aux Mystère afin que celle-ci se développe et maîtrise l’âme et le corps.

III) Conclusion

Le complexe d’Œdipe tel que le définit la psychanalyse courante est en réalité limité à la sexualité. Il pourrait, selon ce que l’on vient de dire, être tout à fait généralisé. C’est un schéma applicable à plus large échelle. Freud l’a découvert lors de son auto analyse. Chez lui, la sexualité était peut-être le seul nœud de son inconscient, aussi en a-t-il conclu que c’était le seul. Il n’en a pas vu la portée plus générale qu’il aurait pu appliqué à toute autre sorte de désir. Reste à définir une analyse qui utiliserait ce schéma en globalité sur l’inconscient.

Biblio:
Arthur Schopenhauer - Le monde comme volonté et comme représentation
Edouard Schuré - Les grands initiés
Gilles Deleuze & Felix Guattari - L'anti oedipe
Dante - La divine comédie

samedi 1 juillet 2006

Schizo

Les battements de mon coeur
Me précipitent dans la fournaise,
Mes poumons brûlent
D'un air devenu trop rare,
Mon cerveau mal irrigué
Me trompe et voile la réalité,
Ma peau de glaise
Semble s'évaporer.
Je ne suis aucun d'eux
Mais tous à la fois,
Tout et rien à la fois,
Mon Dieu? Serais-je schizo?

Ton absence

Que les étoiles brillent
Quand tu n'es pas là.
Ton absence est une faute
Que le diable comptera,
En bon avocat
Des éxilés.
Un partout,
Deux en tout.
L'innocence est un crime
Qu'il ne comprendra pas.

Que les étoiles brillent
Quand tu n'es pas là.
Ton absence a un parfum de lys
Que le vent emportera
A bout de souffle
Commémoratif.
Un partout,
Rien du tout.
L'excès est une cîme
Que l'enfant érodera.