mardi 14 novembre 2006

Les nouvelles technologies

Article paru récemment sur www.onversity.net :

"L'engouement pour les nouvelles technologies ne se dément pas. Cellulaire, internet, wifi, apn, écran plat, clef usb, etc ... Tout cela me fait penser à un dicton. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Si toutes les nouvelles technologies sont bonnes à prendre (position optimiste), certaines ont des effets secondaires. Voyons voir, prenons l'exemple des MMOG (Massiv Multiplayer Online Game) à univers persistant. Leur principal effet secondaire est l'addiction qu'ils entrainent. L'addiction est un mot qui revient souvent quand on décrit les hautes technologies. On a même une catégorie qui se nomme les geeks (passionnés d'informatique principalement, voire de haute technologie car les deux sont souvent liées). Il y a aussi le 'nerd'. Le nerd est très semblable au geek sauf que sa passion le dévore et qu'il devient un peu associal.

Quand on se promène dans un tramway ou dans un métro, on peut se demander si tous ces gens accrochés à leur cellulaire ne sont pas des geeks voire des nerds. Ils disposent de leur propre langage, le sms et ont développé une dextérité du pouce spectaculaire. Mais comme me le faisait remarquer quelqu'un récemment, il est de plus en plus difficile de contacter les cellulaires, ils sont tous sur messagerie. C'est quand même génial les cellulaires. On peut savoir où vous êtes à n'importe quel moment, et leurs utilisateurs peuvent prendre des photos de vous à l'insu de votre plein gré. Mieux on peut même filmer une scène de violance comme celle qui a eu lieu à l'arrêt tram du lycée Kleber de Strabourg. 15 d'jeuns s'en sont pris à un autre et pleins de cellulaires de super geeks ont filmé la scène. C'est cool les high-tech, mais ça ne fait pas rentrer un peu de conscience sociale dans la caboche.

Oh bien sûr les films ont été donnés à la police, mais la première motivation des autres d'jeuns qui ont filmé était plus de l'ordre de 'vivre par procuration'. Ils ont filmé quelque chose d'une réalité dont ils se considèrent en dehors. C'est bien là l'un des problèmes des hautes technologies, c'est qu'elles coupent la connexion à une réalité. La réalité sociale. Ce n'est pas flagrant, mais c'est insidieux. Parce qu'on ne maîtrise pas les effets secondaires ou qu'on ne veut pas les voir, une partie de notre structure sociale est mise à mal ainsi que nos libertés individuelles.

Prenons encore ce dernier exemple tout en sachant que je suis loin d'être exhautif. A Strasbourg comme dans d'autres grandes villes, les transports en commun ont mis en place un système appelé Badgéo. C'est une carte avec un RFID (ou équivalent). A la montée de chaque véhicule de transport de la ville, vous devez passer votre Badgéo à une borne. Ce qui est triste c'est que cela diminue le confort des usagés puisqu'il vous est demandé un effort supplémentaire comparativement à l'ancien système d'abonnement mensuel qui ne vous demandait aucun effort sauf de la montrer lors d'un contrôle. Pourquoi le mettre en place alors ? Simplement parce que cela permet de déterminer combien de personnes prennent tel transport et à tel moment. On peut donc déterminer avec plus de précision les moyens de transport à mettre en oeuvre à tel ou tel moment de la journée sur tel ou tel tracé. Formidable ! Sauf que cela permet aussi de savoir qui voyage quand et partiellement où. Au final pour avoir une meilleure maîtrise des transports dans la ville on a sciemment marché sur la vie privée. Pourtant il existe des contre-mesures. On pourrait envisager que le numéro d'enregistrement du Badgéo soit stocké dans une base de donnée séparée de celle qui identifie la personne. Que la liaison entre ces deux bases ne puisse se faire que par un procédé non automatisé avec une autorisation spéciale. Mais mon petit doigt me dit que ce procédé là n'est pas mis en place. Pire, d'une part les gens ne se posent pas la question car c'est en vain, et que s'ils se la posent, soit on ne comprendra pas leur inquiétude justifiée, soit on les rassurera avec des arguments bidons. La réalité c'est que mettre en place un tel système nécessiterait un coût de développement un peu plus lourd et plus de contraintes dans l'utilisation. Ah mais voilà si on veut bien mettre plus de contraintes du côté des utilisateurs, il n'en est pas question pour ceux qui mettent en place ces nouvelles technologies.

Au final là où je veux en venir, en grande partie, c'est que les nouvelles technologies ne sont pas sans vice, soit par leurs fonctions intrinsèques, soit par la manière dont elles sont utilisées. Mais dans beaucoup de cas, il est possible de mettre en place des contre-mesures qui permettraient de limiter les effets nocifs, il suffirait juste d'un peu d'imagination et malheureusement de beaucoup de volonté. Volonté qui fait manifestement défaut. Les gens par ignorance et/ou par facilité acceptent l'inacceptable et les fournisseurs de solution high-tech exploitent l'inacceptable car c'est acceptable pour leur rentabilité."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire