mardi 14 novembre 2006

Mon prisme I

I) Questions de temps



Chose étrange qu'est le temps, n'est ce pas? D'apparence si simple et pourtant si déconcertant lorsqu'on s'y penche. Est-ce le temps qui pousse les choses à évoluer ou bien est ce parce que les choses évoluent que le temps semble s'écouler? Petite gymnastique de l'esprit: supposons une vidéo sur laquelle il n'y a aucun mouvement, comment savoir si cette vidéo est en lecture ou en pause? On ne peut pas le déterminer, simplement. Le temps est donc lié au mouvement et il perd son sens à l'instant où le mouvement cesse. Mais alors, qu'est ce qui pousse les choses à évoluer?



II) Questions d'origine



Que se passerait-il si seule l'entropie reignait? L'univers serait parfaitement homogène, c'est à dire qu'on ne pourrait en distinguer une partie du tout. Dans un pareil cas, l'espace n'aurait pas plus de sens que le temps, puisque le premier implique une différence et le second une évolution. Si l'entropie reignait, elle serait alors hors du temps et de l'espace. Et l'entropie reigne effectivement mais pas seule. Une seconde force, creative, contre carre le processus d'homogénéisation en créant de nouvelles différences. Cependant, avant de créer ces différences, il faut que le système d'origine soit indifférencié, homogène. Comme je l'ai dit plus haut, l'espace et le temps n'ont pas prise sur un tel système. Les deux forces se trouvent donc hors de l'espace et du temps, à la fois partout et nulle part et de manière éternelle. C'est l'équilibre de ces deux forces fondamentales qui a donné naissance à la sublime complexité de notre monde.



III) L'éternel retour



Si donc on considère le système original comme homogène, il s'agit d'une singularité. Et si les deux forces sont hors de l'espace-temps, partout où se manifeste une force homogénéisante, il s'agit d'un avatar de l'entropie et partout où se manifeste une force différenciante, il s'agit d'un avatar de la force créatrice. Elles changent de forme en fonction du système auquel elles s'appliquent. Même si cela ne correspond pas vraiment aux modèles cosmologiques actuels, voici ma vision de l'évolution globale de l'univers. Au début, il y a donc cette singularité, le stade initial de la création et final de l'entropie. A ce stade, elle ne peut plus exercer sa puissance puisqu'elle n'a plus d'objet. La force créative est alors comme libérée de ses chaîne et s'exprime pleinement, aboutissant au "big bang", une explosion de possibles. La gravité, dans sa tendance à raprocher indifférement toute matière, peut-être considérée comme la première forme d'entropie. Le système originel étant immatériel, la gravité n'y a plus droit de cité. Passons brièvement sur le fonctionnement de la gravité: une masse importante attire les masses plus faibles autour d'elle, augmentant ainsi sa masse et donc sa capacité à attirer d'autres masses, elle fonctionne comme un cercle vicieux. Maintenant, au bout d'un certain temps d'évolution de l'univers, certains systèmes, localisés vont produire, par l'effet de la gravité (donc de l'entropie) des singularités (trous noirs). Celles-ci, par leur masse incroyablement élevées vont agir comme les aspirateur de l'univers, dans le cercle vicieux décrit précédement. Le fameux "big crunch" ne s'obtient pas par une rétractation globale de l'univers, mais par l'aspiration des singularités à tout gober jusqu'à ne plus former qu'une seule singularité, celle-là même qui fut à l'origine. Et alors, nous repartons pour un tour de manège, l'éternel retour de Nietzsche.



IV) Des avatars du rien



Tout comme le gland contient en puissance le chêne, la singularité originelle contient en puissance l'univers dans tous ses stades d'évolution. Le chêne étant un avatar évolué du gland, une expression du gland, l'univers actuel est un avatar évolué du néant, une de ses expressions. Si nous remontons suffisament le cours du temps, alors nous trouverons un instant avant lequel chacun d'entre nous était indifférencié des autres, comme des jumeaux sortant de la même matrice, tout en étant présents en puissance. Voilà ce qui fait que nous ne sommes pas des être séparés, mais des avatars différenciés d'une même matrice.



V) Considérations humanistes



Puisque les deux grandes forces sont éternellement omniprésentes, elles ne sont pas étrangères à nous-même, à nos sociétés.



Ce sont les valeurs partagées par un groupe humain qui le différencie des autres groupes. Ces valeurs donnent naissance à un ensemble de codes de reconnaissance mutuelle, outil dont l'homme est pourvu pour désamorcer les comportements d'agressivité intra spécifique propres aux espèces sédentaires. Il me semble que le nihilisme, tel que Nietzsche le décrivait est l'abandon de ces valeurs différenciatrices au profit d'un consensus.

En ce sens, le communisme est la forme la plus poussée de nihilisme car son but est d'abolir toutes les valeurs au profit d'une seule: le parti. Il tend à homogénéiser le plus possible la population, il tend donc au néant le plus absolu, à l'absence de créativité puisque la création créer une différence. Aussi, si une création doit venir, elle doit être partagée par l'ensemble du peuple. Et pour abandonner les valeurs, elle doit réécrir l'histoire, cette machine de fabrication de valeurs.

Le capitalisme, quant à lui est plus subtil. Il n'impose pas d'abandonner les précédentes valeurs mais elle doivent se subordonner à la valeur suprème, étalon de toute autre: le capital. C'est en cela que la mondialisation ne pouvait qu'émerger du capitalisme, en créant une valeur étalon transculturelle. Cependant, son effet pervers est un abandon progressif des autres valeurs, ou tout du moins à les considérer comme de simples accessoires, tels des bijoux que l'on porterai comme une facon de se différencier.

Dans un cas comme dans l'autre, la mondialisation impose un certain degrès de nihilisme, et donc un abandon progressif des valeurs autrefois sacrées par un effet d'homogénéisation, progressif lui aussi, des peuples.



A suivre...

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